mardi 29 décembre 2009

Le mind map n'a pas que des amis!



La carte mentale de Tony Buzan doit être agaçante pour que l'on observe ce genre de poster. Après avoir trouvé ce poster très drôle et tout en restant schizophréniquement un fervent défenseur du mind map, je ne peux m'empêcher de réfléchir sur les raisons d'être de cette réaction. Je suis incapable de savoir si quelqu'un s'est rebellé un jour contre les représentations en matrice ou contre les prises de notes chronologiques mais cela existe peut-être. Ce poster dénonce peut-être une façon de vendre de la créativité en sur vendant les capacités du mind map. Peut-être même est-ce une réaction à un irritant effet de mode ou a une épuisement de son auteur devant la feuille blanche susceptible d'accueillir de nombreuses idées. Dans tous les cas lunchbreath (l'auteur) reconnait avoir un rapport ambigu avec le mindmapping, donc n'hésitez pas à le visiter pour lui faire profiter de vos commentaires ici. Ce poster à été posté sur flickr par lunchbreath et un grand merci à JR (qui se reconnaitra) qui m'a envoyé le lien.

vendredi 18 décembre 2009

Iconoclaste(S) de Dominique Sciamma

ATELIERS Bell Labs du 2 Décembre 2009 :  Produire de l'invention Telecom Paristech.



PRÉAMBULE
S’agissant de créativité – et ici considérée dans le contexte de "l’invention" et de la pluridisciplinarité – je voudrais tout d’abord préciser que ce n’est qu’en tant que praticien que je m’exprime ici. Il ne s’agit pas ici pour moi de faire science (et encore moins de la « dire »), mais plutôt d’essayer d’induire, à partir d’une expérience de créateur, mais aussi d’un pédagogue, comment un processus créatif est préparé, favorisé, lancé, et partagé.
  Afin de rentrer dans le propos – créativité et pluridisciplinarité – je voudrais d’abord, au risque de paraître immodeste, décrire mon propre parcours, dans la mesure où, ne pouvant mieux me définir que comme un créatif, je cherche dans ma propre expérience des règles qui la dépasseraient et éclaireraient utilement le thème de cet atelier.

UN PARCOURS CRÉATIF
Mathématicien, mais aussi informaticien théorique de formation, j’ai toujours travaillé dans le domaine des nouvelles technologies. Au sein du groupe Bull, j’ai d’abord exercé un travail d’ingénieur logiciel sur très gros système, avant de rejoindre le centre de recherche du groupe pour travailler d’abord sur la parallélisation de programmes scientifiques, puis sur un langage d’intelligence Artificielle (Prolog).
  J’ai à cette époque conçu et développé un environnement innovant de programmation logique fenêtré sur MS-DOS (Xilog -1984). Cet environnement est devenu un produit, au sein d’une ligne de produits dont on m’a demandé de m‘occuper, au sein d’une entité de « produits avancés ». J’ai ensuite pris la direction marketing de cette entité (spécification des produits, études sectorielles, et communication).
  J’ai ensuite créé et dirigé pendant 2 ans une business unit basée à Singapour, dédiée à la vente les produits et services d’IA en Asie du Sud-Est. J’y chapeautais en parallèle un laboratoire d’IA au sein du French Singapore Institute. De retour d’Asie, j’ai intégré la direction  « Stratégie » du groupe, où j’ai participé à une étude sur la convergence « IT, Télecom, Entertainment » avant de le quitter pour rejoindre la société EDS, SSII américaine, filiale de GM.
  Au sein d’EDS, j’ai d’abord créé et dirigé une équipe de consultants/ingénieurs dédiée à la résolution de problèmes complexes (ordonnancement, planification, allocations de ressources) sur la base de technologies issues de la recherche opérationnelle, et l’IA. Nous étions au milieu des années 90, au moment où le multimédia commençait à monter en puissance, et internet à montrer le bout de son nez.

  Ma vocation secrète étant en fait de « raconter des histoires », le Multimédia m’est apparu comme le pont entre la technologie et la narration me permettant à la fois d’exploiter et de valoriser une expertise technologique et un très fort désir de narration. Tout en me lançant alors dans ’écriture multimédia et plurimédia, je deviens en parallèle l’Editeur Electronique du journal économique « La Tribune ». En tant qu’éditeur électronique, je conçois et mets en place le premier site internet du quotidien, premier portail d’information économique conçois aussi le CD-ROM des archives en ligne, qui donne à l’époque – et de manière automatisée – l’intégralité du journal à midi, chaque jour. Je du journal.
  En tant qu’auteur (multi/pluri)média, je conçois l’interface de l’encyclopédie Larousse, de nombreux sites internet, scénarise plusieurs titres multimédia, conçoit des jeux vidéo pour diverses plates-formes (PC, consoles téléphones), scénarise des bandes dessinées de communication, et des projets de dessins animés.
  Parallèlement à cette activité d’auteur, j’ai développé et vendu à partir de 1999 un environnement de gestion et de publication de contenus multicanal (Rexpublisher), servant à produire et à publier du contenu sur des supports différents.

  Enfin, j’ai créé en 1998 le département Multimédia de Strate Collège Designers, dédiée au départ à l’initiation à l’écriture interactive, qui s’est métamorphosé depuis 2007 en un département majeur (Systèmes et Objets Interactifs) dédié à la conception d’objets intelligents. Intégré maintenant de manière permanente au sein de cette école supérieure de Design industriel, je fais le suivi (créativité et recherche) de l’ensemble des projets de diplômes de 5ème année depuis 2002.

DE LA PLURI-DISCIPLINARITÉ A LA MULTI-DISCIPLINARITÉ
Ce que je cherche à illustrer dans ce fastidieux inventaire à la Prévert (la poésie en moins), c’est que mon parcours a été multidisciplinaire. Il y a probablement un aspect compulsif pour certaines personnalités à toucher à tout (on les appelle souvent des dilettantes), paradoxalement intéressées à toucher sans pour autant les maîtriser en totalité des territoires d’expression très divers. Il n’y a ici aucune prétention à jouer les Pic de la Mirandole, mais à multiplier les points de vue et les modèles, pour les exploiter, justement lors de processus de création.
  Ce glissement de la pluridisciplinarité vers la multidisciplinarité m’amène à poser la question de la pertinence même de la seule pluridisciplinarité comme condition nécessaire et suffisante de l’émergence de l’invention, ou à tout le moins, de se poser la question de la nécessité de disposer de personnalités possédant une approche multidisciplinaire pour exploiter tout le potentiel d’une équipe pluridisciplinaire. Ces personnalités ne sont-elles pas les médiateurs nécessaires entre des experts de chaque discipline ? Ne permet-elle pas la mise en place de territoires communs de communication, de traduction des vocabulaires, des concepts, des théories ? Le croire est d’ailleurs peut-être un piège, à savoir celui de la pérennisation d’un modèle de séparation des savoirs et de leur articulation, qui est peut-être lui-même antinomique avec les processus d’invention du XXIème siècle !
  En effet, la structuration des savoirs scientifiques et leurs applications, a coïncidé avec la montée en puissance des sociétés industrielles. L’objectif de ces sociétés était schématiquement d’extraire du charbon, de produire de l’acier, de construire des usines, elles mêmes productrices d’objets d’une nature nouvelle : les "produits". Toute l’organisation politique, sociale, économique, a été basée sur la "séparation", la "spécialisation". En termes épistémologiques, cette séparation a vu la naissance de " disciplines" séparées, voire rivales. Là ou auparavant, des hommes exploraient et arpentaient des savoirs différents, sans d’ailleurs les différencier, des chapelles nouvelles ont été élevées, et leur dogme aussi affirmés.
La structuration des enseignements scientifiques, des mathématiques appliquées, ou techniques – tels qu’ils s’incarnent dans nos classes préparatoires, et nos écoles d’ingénieurs – sont emblématiques d’une société industrielle pyramidale où le cloisonnement est la règle, entre les savoirs comme entre les acteurs.
Tabler sur la pluridisciplinarité reviendrait alors, dans cette hypothèse, à essayer d’amender un système moribond, structurellement inadapté à la nouvelle donne créative des sociétés postindustrielles. La Multidisciplinarité serait alors la "bonne" - parce que seule - réponse, toujours dans cette analyse.

DISCIPLINE OU DISCIPLINE ?
Au-delà de cette discussion épistémo-logique, où la pluridisciplinarité serait au bout du compte un pis-aller, voire un obstacle à l’invention, se pose aussi la question de l’autorité et de la légitimité des acteurs impliqués dans des processus collectifs d’invention.
Pour rester dans la critique de la séparation des savoirs et de ses conséquence, se pose celui de la posture de l’expert, et des pouvoirs - formels ou de fait – que cela lui confère. La France est d’ailleurs une championne du Monde dans cette catégorie. La hiérarchie des grandes écoles définit les regards que ceux qui en sont issus posent sur leur (dis)semblables, vers le "haut" comme vers le "bas". Cette situation est complètement antinomique avec tout projet d’invention collective ! Comment pourrait sortir du neuf d’une organisation où le droit à parler dépendrait de son corps d’origine ? Cette sclérose hiérarchique tue toute initiative, parce qu’elle la rend illégitime, et sans initiative, pas d’invention.
  Au-delà de l’origine, être diplômé d’une discipline, en être un expert, confère au bénéficiaire une "autorité", qui donne à sa parole, sur son territoire, un poids qui est celui du "vrai", et donc de l’incontestable. La discipline devient alors une chasse gardée, un territoire où ne peuvent intervenir (et encore) que les co-disciplinaires, mais d’où sont exclus (ou pire encore s’excluent) toutes autres membres de l’équipe.
La discipline doit alors être comprise comme la "règle", celle qui délimite, qui protège celui qui y est positionné, et qui est d’autant moins inventif qu’il sait qu’il n’y sera jamais challengé.
Ma position, comme mon expérience, me pousse à aller piétiner les plates-bandes des autres – et ce d’autant plus que l’on peut, dans une approche multidisciplinaire, être cultivé sur ces domaines, suffisamment en tout cas pour en voir les objets, les concepts, les enjeux et les tendances. Ce faisant, on peut alors émettre des propositions, d’autant plus libre qu’elles sont émises par des amateurs, des « dilettantes ». Encore faut-il que les organisations de travail (statiques, comme dynamiques) autorisent ces prises de paroles, et plus important encore que les individus s’autorisent à le faire.

OSONS ! OSONS !
Car le meilleur censeur de nos créativités, le meilleur gardien du temple de l’existant, c’est bien nous-mêmes! Il est trop simple de blâmer uniquement l’organisation des savoirs et des pouvoirs,car l’individu possède en lui les moyens de la remettre en cause, sinon de la supprimer. Comment une innovation, une invention, peut-elle émerger si les individus ne prennent pas la parole, le crayon, ou le clavier ? Comment des relations entre technologies, process, marché, cibles, peuvent-elles naître si l’intelligence, l’imaginaire, la sensibilité, les croyances, les peurs, les émotions des individus ne sont pas mises en mouvement et ne s’expriment ? Au-delà de cette proposition un peu déclamatoire, et donc inutile telle quelle, il s’agit d’identifier les moyens de le faire. J’aimerais pour cela lister et développer quelques mots, simples mais forts et symboliques, qui contiennent en eux des règles de liberté et de créativité. Ces mots sont des méthodes, que pour ma part j’exerce au quotidien, pour le pire comme pour le meilleur, à l’avantage ou au détriment à la fois des projets et de mon entourage.

Impudique : Créer c’est être impudique. Tout système de valeur est une prison puisqu’il impose des limites
à l’action, mais aussi de fait à la pensée. Rappelons-nous d’abord que nous sommes ici dans le domaine de
la pensée, de la création pour l’instant inappliquée. Remettre en cause un système de valeurs, ou plus généralement des tabous, n’a aucune conséquence dans une séance de créativité, si ce n’est d’éventuellement choquer des convictions. Innover nécessite de se libérer de schémas, de représentations, de théories.
Car au-delà de la morale, ou des seuls systèmes de valeurs, il est certain que nous observons avec nos savoirs, nos modèles, nos représentations, nos théories, la même acceptation passive qu’avec ceux-ci, où les remises en cause sont inconsciemment vécues comme impossible sinon interdites.

Présomptueux : Créer c’est être présomptueux. Se permettre d’émettre des propositions, y compris sur des territoires où nous ne sommes pas légitimes (cf. plus haut). Ne pas craindre le ridicule, celui de l’incongruité, de la naïveté, ou de l’enfoncement de portes ouvertes (début février à Strate ! ). Toujours se penser capable de produire des propositions singulières et originales à partir de matériaux que l’on ne maîtrise pas, et justement parce que l’on ne les maîtrise pas. L’autre avantage de cette présomption est de bousculer l’expert, de l’obliger à se positionner, voire à redécouvrir son propre savoir parce qu’éclairé ou défié sous un jour nouveau, ou rapproché, dans ces propositions singulières, de concepts ou de savoirs étrangers et étranges.

Ironique : Créer c’est ne rien prendre au sérieux. Prendre une chose au sérieux, c’est forcément s’interdire de la contredire, de la remettre en cause, et donc d’innover. L’humour est une arme puissante en matière de créativité. Exercer de manière systématique son sens critique (au risque maladif de gêner son entourage) sur une proposition, un système, une situation, est une arme de création massive, qui permet les décalages, les jeux de mots et d’idées, la déstabilisation des systèmes, et donc leur mise en mouvement.

Irrespectueux : Créer c’est être irrespectueux des diktats, des arguments d’autorité, des expertises, des
règles. Ne rien croire, tout envisager. Ne pas considérer les frontières des disciplines comme des barrières de la pensée. Ne pas considérer de hiérarchies des savoirs, et donc des pouvoirs, et s’autoriser ainsi une prise de position, d’initiative, de proposition, de parole, libérée et libre des règles émises par des autorités du pouvoir et du savoir. 

Iconoclaste : Créer c’est d’abord détruire. Détruire nos croyances, détruire nos préjugés, détruire nos représentations, détruire nos théories. Si la perception humaine est une prison redoutable, du fait des limites physiques et structurelles de nos sens, l’homme a su s’en libérer en construisant des représentations du monde, de l’animisme à la mécanique quantique, de modèles descriptifs aux modèles prédictifs. Mais en se libérant de la prison perceptuelle, l’homme s’est construit une nouvelle prison d’autant plus redoutable qu’elle est beaucoup plus grande et qu’on en voit pas souvent les murs. Confondre la représentation du monde avec le monde lui-même est un pêché originel anthropologique, donc universel, auquel les "savants", les experts sont les premiers à succomber. Ce faisant, ils s’interdisent tout regard original sur l’objet de leur savoir, comme sur tout objet du monde. Les théories nous imposent des lectures qui souvent stérilisent notre créativité en induisant des relations, des ordres, des associations, des utilisations qui deviennent impératives. Et quand je parle de théories, je ne parle pas que de savoir abstrait, mais aussi de représentations, d’images, et d’objets. Avant d’être une chose matérielle, l’objet est une théorie matérialisée dont la nature se confond avec l’usage, qui nous impose une lecture, et nous interdit conséquemment de la voir autrement, limitant ainsi le champs des possibles et partant notre créativité. Notre rapport aux images n’est pas différent, qui se construit autour de grammaires narratives tout aussi impératives. C’est donc clairement notre liberté de jouer comme bon nous semble  avec les objets du monde - qu’ils soient matériels ou de savoirs - que nous castrons délibérément, alors que rien sur le fond ne nous l’impose, si ce n’est notre tendance à vouloir stabiliser et sécuriser ce monde.
Or, la stabilité et la sécurité sont antinomiques de la créativité, par définition déstabilisatrice, et insécurisante. Il nous faut donc, pour être créatifs, critiquer, mettre à bas, détruire nos représentations, nos images du monde, et être littéralement des « iconoclastes », des briseurs d’images, refusant d’adorer ce qui ne sont que des outils, et préférant scruter et interroger le monde qu’ils sont censés ouvrir, et non couvrir. Rien ne synthétise mieux l’ensemble de ces mots-clés que le terme « iconoclaste ».
  Détruire, mettre à bas et contester représentations, théories, savoirs et pouvoirs est à la base de toute vraie démarche de création. Cet acte de destruction, qui brise en morceaux, est un acte de séparation, à la fois créateur de contenus séparés que de tensions entre eux. Cette iconoclastie, cet art de la « séparation », a d’ailleurs un nom en sciences : l’analyse, et une cousine en philosophie : la dialectique.

SUS AU CONSENSUS !
Il est clair que le créatif, tel qu’il est décrit ci-dessus comme un être pétri de qualités asociales, est un acteur qui est tout sauf consensuel. Il vient au contraire en permanence bousculer le consensus, c’est à dire remettre en cause ce qui est admis comme commun, ce qui est acquis, et donc ce qui a priori ne peut être remis en cause. Si la science est consensus (ce qui fait sens commun), se construit du consensus, elle n’évolue, ne change, ne s’élargit que lorsque l’on tombe sur ses limites ou ses incohérences, dans le cadre de son exploration et de son exploitation, de sa mesure.
 Mais inventer n’est pas faire de la science, c’est s’en nourrir. Il ne faut donc pas que ce qui fait consensus, ce qui est science (celle des experts dans une équipe pluridisciplinaire) induise une sorte d’asservissement dans leur éclairage et leur mise en relation. C’est justement le rôle du créatif que de briser cette tentation induite, et créer du désordre dans la remise en cause du consensus.
Politiquement, moralement, éthiquement, socialement, épistémologiquement, le créatif est donc par définition incorrect, puisqu’il ne respecte rien. Plus qu’incorrect, il est même incorrigible.

MÉDIUM ET MÉDIATEUR
Le portait du créatif en iconoclaste pourrait sembler peu constructif s’il s’arrêtait là, et à juste titre. Le créatif ne peut pas seulement être cet iconoclaste, ou, pour parler plus méthodologiquement, un analyste qui découpe rageusement les problèmes, situations, propositions, et les réduit en pièces pour les disposer sur l’espace commun de la réflexion. Si sa démarche créative commence par cet acte de séparation, son acte créatif se révèle dans les mises en relation de tous ces éléments. A ce titre le créatif est véritablement un dialecticien, artiste de la séparation et de la réunion.
  Ce sont évidemment les mêmes "vertus" listées plus haut, que le créatif va mettre au service de la mise en relation. Il ne doit rien perdre de son iconoclastie dans ce processus, bien au contraire. Car le moment de la réunion est fondamentalement celui de l’invention.
Mais si l’iconoclastie est une méthode, elle n’est pas une mécanique. De fait, si l’acte d’invention était mécanisable, cet atelier n’aurait pas d’objet, et des machines bien pensées feraient le travail d’invention à notre place.

 Si des méthodes tentent d’exister (Triz), il n’en reste pas moins que l’acte de création est un acte littéralement solitaire, qui émerge de processus non maîtrisés, mais en tout cas provoquées, car provocables. Un regard en arrière sur mon propre parcours m’amène aujourd’hui à essayer d’analyser les états mentaux dans lesquels je suis, où je me mets, lors d'un processus créatif.
  En tant que membre de l’équipe de suivi des diplômes de Strate Collège Designers – équipe par ailleurs pluridisciplinaire – et comme mes camarades, je suis chaque mois chacun des futurs diplômés, d’abord sur leur mémoire puis sur leur réponses design, et plus spécifiquement sur la recherche et la créativité. Cela fait ainsi 9 ans que ce bonheur dure, qui m’a amené à suivre 400 projets. Quand je cherche à caractériser l’état mental dans lequel je suis dans ces moments d’écoute, d’interrogation, de propositions, je ne trouve pas d’image plus évocatrice que celle de « Médium ». De fait, je me retrouve dans une sorte d’état de conscience second, flou, où les propos de l’étudiant arrivent, flottent, sans que je ne focalise sur eux (dans le flou, donc, définitivement). D’une certaine manière, ce flou est un flou cognitif. Il s’agit de prendre de la distance avec ce que nous imposent les idées, ce qu’elles précisent, ce qu’elles induisent, pour les regarder différemment, plus hollistiquement. Cette mise au flou permet d’associer des idées différentes parce que leurs flous se ressemblent, et les rassemblent. Des processus associatifs sont alors mis en branle, d’où vont émerger les idées nouvelles.

  Rien n’existe cependant si aucune verbalisation n’est effectuée. Verbaliser ne peut cependant se résumer à une mise en mots. Verbaliser c’est aussi émettre des propos libres, c’est à dire se donner le droit - impudique, présomptueux, ironique – de dire tout, sans limite, sans tabou. Cette liberté de parole nécessite non seulement de la part du locuteur une forme d’impudeur, mais aussi une forme d’impunité, c’est à dire l’assurance de ne pas être jugé au travers de et pour ce qu’il émet. Car ce qu’il émet est gratuit, en ce sens qu’il ne propose pas de système de lecture du monde, ni qu’il nie celui de ses interlocuteurs. Il joue tout simplement, et tout jeu est gratuit.
  Le principe paradoxal et permanent d’un tel travail collaboratif de créativité est donc celui du respect absolu de l’autre et qui pourrait s’exprimer ainsi : nous nous respectons tellement que nous pouvons tout nous dire, sans conséquence. Dès lors, l’expert doit aussi non seulement rentrer dans ce jeu, mais aussi être assuré du respect de ses pairs en invention. Il ne doit pas penser qu’il est remis en cause personnellement, mais juste qu’il participe à un jeu d’égaux libres.
  A ce titre, tout joueur de créativité, quel que soit son statut doit pouvoir prendre la parole librement, et sans crainte, en étant assuré qu’il ne sera pas jugé ni qualifié par la suite du fait de ses prises de positions ou ses propositions. Ces paroles libres pourront alors s’entrelacer avec d’autres, se métisser, s’opposer, dans un jeu maintenant collectif. Car, si j’ai surtout insisté jusqu’ici sur la place de l’individu, et de sa subjectivité, dans le processus d’invention, je voudrais tout autant insister sur le fait que cette subjectivité et ces comportements individuels sont au service d’un travail collectif. De ce point de vue, ce travail collectif a non-seulement besoin de mediums mais aussi de médiateurs. Ces médiums et ces médiateurs sont-ils les mêmes ? Et est-il souhaitable qu’ils le soient? Nous pouvons en tout cas dire que le créatif tel qu’il est ici décrit est de fait un médiateur en tant qu’il est un medium et un synthétiseur : medium entre disciplines, et synthétiseur en tant qu’il verbalise les propositions. A bien des égards d’ailleurs, la figure du designer correspond à ce portrait.

VERS UNE NOUVELLE PENSÉE MAGIQUE
En tant que professionnel, citoyen et individu, je suis un passionné de la raison. Je pense profondément qu’elle est la clé de nos relations au monde, dans toutes les dimensions - philosophiques, politiques, scientifiques et techniques - et que plus qu’une clé, elle nous fournit les outils de sa transformation, et ultimement de sa maîtrise.
  Il peut donc paraître étrange, dans un atelier consacré à l’invention, c’est à dire à une activité où il s’agit d’articuler et marier des objets nés de la raison - comme des théories, des concepts, des procédés ou des technologies - d’invoquer le médium, figure typiquement irrationnelle. La créativité serait alors une activité mystérieuse, née du choc entre deux mondes a priori non communicants, et que quelques élus auraient seuls la possibilité de relier. D’une certaine façon, ce processus relèverait de la magie, puisque la raison
en serait absente.
  Je pense effectivement que la science, dans ses productions mais surtout dans ses promesses visibles ou cachées, est aujourd’hui arrivée à un point tel qu’elle permet l’émergence d’une for-me sublimée de la raison, la nouvelle pensée magique, et que celle-ci est au coeur de l’invention d’aujourd’hui et de demain. Cette nouvelle pensée magique nous permet à nous, inventeurs, de rêver avant de concrétiser, de rêver pour concrétiser. Il s’agit donc d’inverser le processus mental dominant de l’invention – très partagé par tous les ingénieurs de cette terre – qui consiste à partir des possibilités techniques pour aller vers le réalisable. Ce processus contient en lui-même les germes de sa faillite, puisque il part de l’acceptation d’un modèle. En cela, il est tout sauf iconoclaste, puisqu’il n’autorise à penser que dans un cadre prédéfini et fort contraint.
  Inverser le processus consiste au contraire à partir de ce que l’on veut faire, et d’imaginer la solution véritablement idéale (magique) au problème que l’on se pose, sans d’abord se soucier une minute de la manière dont on le réalisera. Il faut pour cela imaginer des usages sans se soucier des "Comment", mais juste des "Pour quoi". Il ne s’agit donc pas de dire "Qu’est-ce que je peux bien faire avec ces technos ?", mais bien "Qu’est-ce que je veux offrir comme nouvelle expérience ?". Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on se préoccupera de la manière dont on s’en approchera, en bricolant avec des métaphores et des technologies. Cela revient très classiquement à privilégier une approche Top-Down (des usages vers les technos) que Bottom-Up (des technos aux usages).
  Une telle démarche n’est possible aujourd’hui que parce que la science a non seulement produit une quantité énorme de technologies, mais est aussi pleine de promesses technologiques (notamment au travers des nanotechnologies). Cette quantité est ainsi la source d’une combinatoire gigantesque dont on peut espérer extraire la combinaison gagnante, c’est à dire celle se rapprochant le plus de l’idéal magique dont je parlais précédemment.
  C’est cette confiance en la puissance de la science, et donc de la raison, à fournir à terme les briques technologiques nécessaires à la construction de nos réponses qui nous permet paradoxalement d’abandonner le terrain de la raison pour imaginer "magiquement" les systèmes, processus et produits dont nos pareils ont besoin.


TRANSGRESSER POUR PROGRESSER
Si tant est que " inventer" serait "créer", l’invention consisterait donc en un acte transgressif, à l’encontre des savoirs, des modèles, des théories, des démarches, de la raison, et au service d’un progrès collectif. L’acte de transgression se faisant toujours en référence à des modèles consensuels, il y a un paradoxe apparent à les défier pour les faire progresser. Mais, là où cette confrontation fut précédemment violente (des milliers de Giordano Bruno en sont malheureusement la preuve), la victoire de la raison qu’incarne aujourd’hui une science génératrice de progrès, et donc – osons le mot - de bonheur, permet maintenant une confrontation acceptée, nécessaire, et - il le faudrait - désirée. Le bonheur des hommes dépendra alors plus que jamais de la capacité de sa société à encourager la transgression, autorisant par sa propre déstabilisation sa mise en mouvement. Pour parodier Malraux (qui n’a pas dit que des conneries), le XXIème siècle sera donc iconoclaste, ou ne sera pas…
 








lundi 5 octobre 2009

Delphine Batton : Interview Creative-Network

J’ai rencontré Delphine Batton lors d’un projet d’open Innovation entre deux grandes entreprises Françaises et j’ai eu la chance de partager sur nos pratiques créatives et surtout de participer à l’une de ses animations. Delphine est consultante en créativité, à son compte, et son catalogue propose des formations, des prestations d’animation ou du coaching individuel. C'est aussi une collaboratrice d'Olwen Wolfe directrice de la société Wordling.


Creative-Network : Comment en es-tu venu à passer d’ingénieur télécom chez Orange Labs à animatrice professionnelle et dans quel contexte as tu commencé à te former aux méthodes créatives ?

Delphine Batton : A vrai dire au démarrage, cela s'est fait un peu par hasard. Mon poste ne me plaisais pas, je voulais changer. Deux anciens collègues étaient eux-mêmes partis dans une entité de la R&D appelée Le Studio Créatif. Je les y ai suivis. Dans cette entité, nous travaillions à la conception de futurs services possibles à horizon 15 ans pour le groupe France Télécom : un mélange de veille, de prospective, et de créativité pour imaginer ce que pourraient être les futurs produits et services des NTIC. Naturellement, une partie de notre travail faisait appel à des méthodes de créativité pour imaginer, concevoir ces fameux services et produits. Je me suis alors intéressée à ces méthodes, puis, petit à petit je m'y suis formée, d'abord à la Conférence Européenne de la créativité CREA Conference à Sestri-Levante, tout en pratiquant énormément au sein de l'entreprise, puis à l'université Paris Descartes, et ce n'est jamais totalement fini! Cette alternance permanente entre pratique intense sur des sujets divers et variés (de la conception de produits et services, je suis aussi passé à des problématiques de stratégie, de management, de plan de communication...) et de formation avec des experts du domaine (Guy Aznar, René Barnèche, Todd Lubart, Olwen Wolfe, Stéphane Ely, Sylvie Courcelles et j'en passe...) a été très riche pour moi et m'a permis d'en faire mon métier.

C-N: Quel est l’argument majeur en faveur des méthodes créatives ? Quel est l’argument qui convaincrait un directeur de R&D à former ces ingénieurs à ces pratiques ? 

Delphine Batton :  L'Argument ! Ils sont multiples :
  • doter les ingénieurs d'outils pratiques pour les aider au quotidien à faire avancer leurs idées et les réaliser ; 
  • permettre à ces ingénieurs de mieux travailler ensemble (les méthodes de créativité, même si elles sont utilisables à titre individuelles ont une vraie force collective) ; 
  • ouvrir sur la possibilité du travail pluridisciplinaire, avec d'autres, qu'ils soient des responsables marketing ou des vendeurs, ou des intervenants extérieurs experts dans tel ou tel domaine, ou encore des clients.
C-N : Y a t-il des domaines privilégiés pour la créativité et d’autres moins propices aux idées disruptives ? Par exemple est il plus facile de s’adresser à un auditoire provenant du marketing ou du design qu’a un auditoire provenant d’un bureau d’étude ?
 
Delphine Batton : Je ne crois pas. Tout le monde a un potentiel de créativité, qu'il applique à un domaine ou à un autre. Etre programmateur informatique par exemple demande une grande créativité : il faut savoir analyser le besoin, trouver des idées pour y répondre, développer ces idées pour en faire un logiciel robuste et l'implémenter. Il en est de même de tous les domaines d'application. A partir du moment où il y a une question, qui n'a pas de réponse immédiate unique, et où on est motivé pour trouver des solutions, alors la créativité peut intervenir. Et il n'y a pas de profil qu'il soit culturel, de métier ou autre plus "créatif" que d'autres. Tout est question de comment et à quoi on applique sa créativité. Des outils comme Foursight montrent très bien cela.

C-N : Quelles techniques applique-tu ? As-tu observé des techniques plus efficaces dans certaines recherches?

Delphine Batton : Je mélange diverses approches, principalement le Creative Problem Solving, mais aussi des techniques développées par Guy Aznar, dite de créativité sensible. Ensuite, c'est un peu comme faire une recette de cuisine : on prend différents ingrédients en fonction du public, du sujet, de la culture de l'entreprise. Il est difficile de généraliser sur l'intérêt d'une technique par rapport à tel ou tel type de sujet. Néanmoins, le techniques qui passent par des incarnations, des rêves éveillés, permettront d'aller explorer plus loin, mais demanderont une "redescente" plus longue, et vont toucher plus à l'émotion et l'intuition, alors que d'autres techniques, d'association sur des images par exemple, font explorer sur un champ plus restreint.

C-N : Quels sont les écueils à éviter quand on se lance dans l’animation ? Imagine un manager ou un collaborateur qui souhaiterais se lancer à la recherche d’une idée originale, quels conseils lui prodiguerais-tu ?
 
Delphine Batton : De ne pas sous-estimer le démarrage, la mise en place de règles qui sont assez nouvelles en général dans la manière de travailler, et d'une bonne dynamique de groupe (même avec une équipe qui se connaît) c'est une phase qui peut être bâclée et rendre la tâche difficile par la suite.
De bien penser que la créativité, c'est au final avoir des idées originales, nouvelles, ET réalisables, et que donc les phases de convergence sont aussi importantes que les phases de divergence. En un mot, qu'animer un groupe de créativité, ce n'est pas juste se mettre autour d'une table et d'émettre tout un tas d'idées (image qu'on se fait souvent du brainstorming).

C-N : J’ai pu remarquer lors d’une de tes animations, que tu applique globalement la technique du brainstorming (Énumération, consolidation, sélection) et que tu y ajoute quelques variation. On peut voir que tu utilise les profils utilisateurs (les personas) souvent utilisé dans le design, que tu utilise parfois le sénat, parfois la mise en perspective. Suis-tu toujours ce processus ou t’adaptes-tu en fonction des réactions ou non-réactions du groupe que tu anime?
 
Delphine Batton : Il y a toujours une première phase de clarification avec le porteur de la problématique, le "client". Dans cette phase, je cherche à collecter des données sur le sujet en lui-même, mais aussi sur le groupe (pluridisciplinaire ou pas ? équipe constituées ou personnes qui ne se connaissent pas ? personnes habituées aux méthodes de créativité ou non ?...), sur la culture de l'entreprise dans laquelle j'interviens, etc. C'est à partir de tout ceci et de la demande clarifiée du client que je peux choisir les ingrédients, les techniques que je vais déployer. Ensuite, pendant la séance, évidemment je m'adapte à ce qui se passe dans le groupe, en ayant pour fil conducteur la demande du client : comment aider au mieux le groupe à avancer vers une ou plusieurs solutions à l'objectif. La réponse à ta question est donc : non je n'utilise pas toujours les mêmes techniques, par contre, le processus global (issu d'une fusion des processus scientifiques et artistiques) reste le même: Clarifier l'objectif, Produire des solutions, Se préparer à l'action (CPS, Creative Problem Solving...). Ce qui change dans le processus, c'est que parfois la clarification se fait en tête à tête avec un chef de projet ou d'équipe, ou bien en "petit comité", ou bien avec le groupe entier, et cela est vrai pour chacune des étapes.

C-N : Tu utilises aussi des pratiques plus originales comme les techniques théâtrales pour aider les animateurs. Quels sont les apports de ces techniques au niveaux de tes participants et surtout comment les convainc tu de te suivre. Tu rencontre des résistances ?
 
Delphine Batton : Le but est de varier le plus possible les angles d'attaque, d'impliquer les participants au maximum, de varier les modes d'expression pour toucher toutes les préférences (je travaille beaucoup avec Foursight et les profils d'Herrman sur les préférences et modes de pensée). D'où le besoin parfois de techniques plus "originales". Les apports pour les participants sont divers et variés: leur donner d'autres moyens d'expression que la parole ou l'écrit, les aider à "lâcher prise", leur permettre d'exprimer le non-dit, leur offrir du plaisir et de l'amusement aussi (moteur d'envie et d'efficacité)...
Je ne rencontre pratiquement jamais de résistance. A partir du moment où, en tant qu'animateur, on est confiant dans la techniques choisie, qu'on sait qu'elle est utile pour faire avancer le groupe, qu'elle est efficace, on arrive assez facilement à entraîner le groupe. Mais c'est aussi pour cela que l'instauration d'une bonne dynamique, d'une bon climat au démarrage est importante. On n'amène pas n'importe quelle technique à n'importe quel moment !

C-N : Tu rassemble deux de mes centres intérêts favoris puisque tu es à la fois animatrice en créativité et entrepreneur. Je ne peux m’empêcher de te poser cette question, comment te sers-tu de tes connaissances sur la créativité pour développer ton entreprise? Penses-tu ou as tu observé qu’il y a chez les entrepreneurs, quelques particularités, qui font de ces personnages des sortes de créatifs opportunistes ?
 
Delphine Batton : Au quotidien, je pratique les fondamentaux : l'écoute, le rebond, la curiosité, voire les problèmes comme des opportunités. Dans mon travail avec Olwen Wolfe, chez Wordling, nous utilisons le CPS et les méthodes de créativité pour avancer sur nos propres chantiers (pour la conception d'un site, la mise en place de petit-déjeuners, etc.).
Concernant les entrepreneurs, je ne sais pas. Je pense que certains sont des idéateurs, qui savent s'entourer pour que leurs idées se réalisent. D'autres sont très créatifs dnas la mise en oeuvre, etc. Je ne sais pas s'il existe un archétype de l'entrepreneur en terme de créativité. Cela mériterait un sujet de mémoire à l'université!

C-N : J’aimerais faire le tour des livres qui t’inspirent dans tes pratiques. Et pour conclure si tu devais recommander une méthode et un seul livre à un public d’animateur ?
 
Delphine Batton : J'ai trois livres de chevet dans ce domaine. Celui d'Olwen Wolfe, J'innove comme on respire, car il est global, simple, pratique, et donne des clés sur la méthode que j'utilise principalement, le Creative Problem Solving. Celui de Guy Aznar, Idées : 100 techniques de créativité pour les produire et les gérer, pour les techniques de Guy et le panorama du début du livre sur les différentes méthodes et écoles. Celui de Todd Lubart, Psychologie de la créativité, car il éclaire sur des notions fondamentales qui pour un animateur professionnel sont... fondamentales :)
Je recommanderai de comment par celui d'Olwen Wolfe, car notamment à la fin du livre, elle donne un guide à utiliser pour soi ou à deux, et qui permet donc de pratiquer et d'expérimenter.

mardi 29 septembre 2009

Lipstick VS School Caretaker: La solution est dans l'association!

Voici un support qui peut-être utilisé pour promouvoir les approches créatives. Cette simple petite histoire montre comment une association entre deux éléments (je n'en dis pas plus) peut apporter une solution originale et efficace. On peut très certainement critiquer le fait que cette petite histoire n'est pas forcement une "preuve" de l'efficacité des méthodes issues du Creative Problem Solving (English). Mais elle a le mérite d'être simple et courte, d'être un support utile pour un animateur et surtout, de démontrer que la solution la plus efficace n'est pas forcement la plus évidente. Merci à son auteur: Sandeep Chhaya's.

jeudi 24 septembre 2009

Le premier certificat universitaire de créativité

Après avoir écrit que l'école était capable de tuer la créativité, il me semblait intéressant de penser à l'envers (c'est aussi une méthode créative) en communiquant sur l'initiative de Créa-Université: l'université qui fait vivre la créativité. Créa-Université dispense la première formation universitaire certifiée en France et rassemble sous cette appellation un groupe d'enseignants chercheurs de l'université Paris-Descartes et des experts en créativité. On peut compter dans l'équipe pédagogique et les différents intervenants un bon nombre de noms intéressants dont Todd Lubart, enseignant chercheurs à l'institut de psychologie et l'auteur du livre Psychologie de la créativitéAcheter sur Amazon que j'ai cité plusieurs fois dans mes articles, Guy Aznar auteur de Idées : 100 techniques de créativité pour les produire et les gérerAcheter sur Amazon, Olven Wolfe directrice de la société Worlding  et auteur du livre J'innove comme on respireAcheter sur Amazon, Sylvie Courcelle-Labrousse qui travaille au centre de R&D de Orange/France Telecom, Stéphane Ely de la société de conseil en créativité et stratégies de marque Elycorp,  Safia Richou présidente de Prospective Foresigth Network dont vous pourrez entendre un interview sur Youtube, et j'arrête cette énumération ici bien conscient de ne pas révéler l'ensemble de la richesse de l'équipe pédagogique.

La formation d'une durée totale de 11 jours, est construite sur 5 journées de formation théorique à l'Université, et de 3 séminaires de 2 jours en petit groupe inter-entreprise. Créa-université lance donc la promotion 2010 et organise un petit déjeuner d'information le mercredi 21 octobre de 9h à 10h au Mije 6 rue de Fourcy à Paris. Vous trouverez des informations complémentaire sur le site de Créa-Université. Belle initiative donc de l'association Créa-France et de l'université Paris-Descartes.

samedi 19 septembre 2009

L'école tue la créativité

Comment ne pas réagir à un tel titre: L'école tue la créativité. Notre système éducatif détruirait les élans créatifs de nos enfants? Nos enseignant ou plutôt les méthodes qu'ils emploient privilégieraient le conformisme, le sens commun, le mono-point de vue au détriment de la recherche de l'idée nouvelle, de la remise en cause de nos paradigmes, de la flexibilité mentale?

Non! Ce serait trop facile de rédiger une énième critique de notre système éducatif et de rendre responsable nos enseignants. Quand vous aurez visionné la vidéo de Ken Robinson sur le site TED, l'erreur serait croire que nos systèmes éducatifs sont seuls responsables. Ken Robinson parle d'un modèle hiérarchiques des différentes disciplines enseignées, qui placerait les mathématiques en haut de l'échelle et les disciplines artistiques en bas de l'échelles (elles-même hiérarchisées). Cette hiérarchie qui placerait les connaissances de l'ingénieur au dessus de celles de l'artiste, nous l'avons hérité de l'ère industrielle et nous l'entretenons encore. Il serait intéressant de s'interroger sur le ou les critères permettant d'élaborer cette échelle de valeur: l'intelligence (seulement celle que mesure les QIs), le mérite, l'efficacité économique, la capacité à assimiler le savoir...Mais, ce n'est pas le propos ici d'en théoriser les causes, par contre cette vision rigide des disciplines enseignées détruit une vision plus élargies du rôle complémentaire de chacune de ces disciplines et nous contraint à ne pas voir l'ingénieuse réalisation de l'artiste et l'acte créatif chez l'ingénieur ou le scientifique.





Hormis le talent de speaker, de comique et de storyteller (et il y en a sur le site TED), qui rendent les 20 minutes de la vidéo trop courtes, on peut retenir le message suivant: la créativité devrait être enseignée au même niveau que la littérature ou les mathématiques le sont dans l'éducation. A la base, les enfants sont créatifs car ils osent. Ils n'ont pas peur de se tromper. Les créatifs le savent bien: si vous avez peur de vous tromper, vous ne produirez jamais rien d'original. Hélas nos entreprises et notre système éducatif stigmatise l'erreur ce qui à pour effet de bloquer notre créativité.

Notre système éducatif actuel privilégie les matières qui ont vocation à être utilisés directement dans tel ou tel métier. Ainsi on n'enseignera pas les arts graphiques à un ingénieur. L'objectif est plus de produire que de créer. Notre système éducatif, focalisé sur la "tête" (et nos sur la réalité du cerveau), tend idéalement à produire des professeurs d'universités. Nous privilégions donc l'aptitude académique. Les disciplines les plus utiles au travail sont au sommet. Les autres disciplines sont écartées. Pourtant nous produisons de plus en plus de jeunes diplômés et la valeurs des diplômes décroit. Un diplôme n'est plus une condition suffisante pour trouver un travail. Ce choix et ces dernières conséquences sont directement issus d'une certaine vision de l'intelligence.

Hors, ce que nous connaissons sur l'intelligence tend à infirmer ce mono-point de vue. Premièrement, l'intelligence est variée. Nos perceptions sont multiples (auditive, visuelle, kinesthésique) et les représentations mentales le sont aussi. Deuxièmement l'intelligence est dynamique. Le cerveau n'est pas divisé en compartiment étanches et les processus de créativités mettent en œuvre de multiples interactions entre ces différentes façons de voire les choses. Plus nous augmentons notre capacité à envisager notre environnement en tenant compte de point de vues et sensations multiples, plus nous serons créatif.

Ce que nous faisons actuellement avec nos ressources cérébrales est équivalent à notre comportement écologique actuel. Nous surexploitons certaines ressources aux détriments d'une exploitation équilibrée. Cette prise de consciences doit nous obliger à repenser "l'écologie humaine", Nous devons repenser notre conception de la richesse humaine et notre tâche est d'éduquer nos enfants de façon complète et équilibrée.

Ce "speach" de Ken Robinson est encore un signe de la mutation que notre société est en train de vivre. Dernièrement, lors d'une de mes recherches d'articles traitant de la créativité, je me suis tombé sur les articles de deux connaissances: Delphine Manceau, professeur à l'ESCP et co-auteur du livre "Le marketing des nouveaux produits" chez Dunod et Delphine Batton, consultante en formatrice en créativité (voir son site) et animatrice du groupe de travail "Les outils de créativités adaptés pour les jeunes enfants" au sein de Créa-France.

Delphine Manceau expliquait dans son article "Quelques idées reçues qui constituent un frein à l'innovation" que plus de la moitié des innovations n'était pas technologique, que la performance des entreprises ne se mesure pas au nombre de brevets qu'elles sont capable de déposer et que le ratio Recherche et développement/PIB n'est pas un bon indicateur pour mesurer la performance d'un pays au point de vue de l'économie de la connaissance. Il y a là aussi un encouragement à la créativité comme approche plus élargie de l'innovation.

L'article "Apprendre à développer des techniques qui libèrent la pensée" dans le Monde (article de Marilyne Baumard) cite l'initiative de Delphine Batton et Julia Kalfon au sein de L'IUFM de Cergy-Pontoise montre aussi que notre système éducatif expérimente et progresse.

Voici donc deux signes (j'espère avant-coureur) du changement que nous vivons dans notre société. Si l'éducation et l'industrie sont capables d'amorcer ce virage, peut-être, nous approchons nous d'une société plus globale, plus ouverte et surement plus Performante avec un grand P (écologiquement, humainement, socialement et économiquement).

vendredi 11 septembre 2009

ThougthOffice un software créatif

Voici un software qui offre à ces utilisateurs une méthode de brainstorming, qui mêle la méthode de latéral Thinking d'Edward de Bono avec des services offert par l'outil lui-même.


Les mots clés pour trouver cette vidéo sur Youtube sont: "Mindmapping, brainstroming and creativity". L'outil propose donc d'animer pour vous une séance de créativité en 5 étapes:
  1. Définissez votre problème et formuler de manière positive. Par exemple: Nous avons l'opportunité de changer notre stratégie de vente, quelle nouvelle cible pouvons nous choisir?
  2. Posez systématiquement des questions. Par exemple: Comment rentre-t-on sur le marché?
  3. Répondez aux questions rapidement.
  4. Appliquez le "Lateral Thinking" avec "thought particles". Cette méthode consiste à énumérer des définitions, synonymes, citations, Associations, Images, Rimes comme sources d'inspiration
  5. Organisez, présenter et vendez votre idée. Ici une fiche idée contient ensuite les différentes contributions réalisées pendant la session créative et être enrichie.
Une version d'essais utilisable sur 15 jours est disponible ici. Si vous l'essayez vos commentaires m'intéresse, donc n'hésitez pas à cliquer sur le lien commentaire.

mercredi 9 septembre 2009

IQ matrix, les pros du mind map


Si vous tapez parfois la requête mind map ou carte mentale dans Google image, vous avez pu vous apercevoir qu'il est possible de trouver un grand nombre de réalisations. Le propos, bien évidement n'est pas de s'affranchir d'en réaliser soit-même, mais ces supports peuvent toujours nous inspirer ou même servir pour une animation. A force de surfer sur Google Images, j'avais remarqué certains mind maps qui avaient la même charte graphique et c'est comme cela que j'ai découvert le site IQmatrix.com. Le simple usage de la requête iq matrix dans google image vous apportera encore de nombreux mind maps en Anglais, dont celui ci-dessus qui est un mind map égocentrique.

Ce qui caractérise cette entreprise (dirigé par l'Australien Adam Sicinski) est que son activité commerciale consiste à vendre des posters de cartes mentales et aussi, chose plus conventionnelle, à proposer du coaching. Vous pourrez trouver sur le site de nombreux posters comme par exemple celui du mind map de la méthode des six chapeaux. Il vous en coutera 5$ pour télécharger un fichie haut résoltion en format PDF, entre 10$ et 60$ pour des posters aux formats A3 ou A2.

lundi 24 août 2009

Juste une image

Cette image illustre bien le paradoxe qui tiraille l'animateur: le mot d'ordre "pas de censure" peut engendrer des propositions non productives. Et alors! Ce ne sont pas une ou deux propositions déplacées qui gâcherons l'ensemble du travail. Peut-être qu'un comique cherche son public, peut-être avez vous mal compris cette proposition ou tout simplement l'idée est peut-être mal exprimée. Pas d'inquiétude, gardez le cap, notez cette proposition sur ce qui vous sert de tableau et avancez avec constance et bonne humeur.


Cette image est tirée du site Brainstorming Créatif de jean-Louis Swiners. Je ferais bientôt un article sur les méthodes de cet acteur de l'animation de la créativité.

mercredi 19 août 2009

Silence le boss?

Hé oui encore un slideshare! Et Entreprise Globale de Jean-Hyves Huwart n'y est pas étranger. En effet je ne fais ici que reprendre leur publication que vous trouverez ici. Une fois n'est pas coutume. Deux non plus d'ailleurs! Le titre de l'article choisi pour présenter ce slideshare est extrait du 11éme slide:

"Le meilleur moyen de tuer la créativité dans une équipe, c’est de laisser le patron parler en premier."
Victoria Holtz

Cette citation est évidemment du pain bénis pour un collaborateur frustré par des patrons tueurs d'idées. Personnellement, j'ai du mal à être complètement d'accord avec cette citation ayant en tête au moins deux exemples de managers avec qui j'ai eu la chance d'avoir des démarches créatives. Par contre, il est indéniable que nos managers ont une place privilégiée pour le créaticide. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, non plus, si Alex Osborn (le papa du brainstorming) déconseillait la présence de responsable dans ces séances de remue méninges. Enfin n'oublions qu'il a lancé sa méthode en 1940 et les managers ,à cette époque, ne devaient pas ressembler à ceux que nous côtoyons aujourd'hui. Quoi que...

Mais rendons à César ce qui est César. Nous devons cette présentation à Adam Walz qui est consultant à Personnel Decisions International (Minneapolis-St. Paul), donc mon premier remerciement ira à cette personne. Puis un grand merci à Entreprise Global, à l'outil slideshare et aussi à Victoria Holtz (encore inconnue pour moi mais je cherche encore et j'ai pris contact sur twitter avec Adam Waltz).
Voici donc la présentation "Leadership Mashups: Innovation" ou vous verrez 17 autres sympathiques citations et Adam Walz remercier Creative Commons (une alternative au copyright) et Flick. Bonne lecture...

jeudi 13 août 2009

L'entreprise globale

Voici un encouragement à la créativité en entreprise qui ne peut-être ignoré. Jean-Hyves Huwart nous offre ici une présentation claire et efficace sur les différences entre l'entreprise du 20éme siècle et celle du 21éme: l'entreprise globale.
Il est à savoir que Jean-Hyves Huwart est le fondateur et le directeur du thinktank large audience (les thinktank ont à l'origine une audience politique, ici l'audience visée sont les entrepreneurs, PME, créatifs, grandes entreprises, décideurs publics) "Entreprise globale" auteur du livre "Le second déclin de la Wallonie". Il actuellement journaliste économique à Trends-tendances (Magazine financier et économique de référence en Belgique).

jeudi 30 juillet 2009

Ideo la forge des idées

Si vous lisez mon blog vous avec déjà fait connaissance avec Tim Brown (CEO et président d'IDEO) qui vendait les mérites du jeu pour la créativité (article). Il n'est pas facile de trouver des reportages sur les pratiques créatives des entreprises sauf peut-être quand ces pratiques font partie de leur offre commerciale. C'est le cas de la société IDEO qui offre à des entreprises comme nec, Nike, Apple et bien d'autres une sous-traitance de design hors normes.

La vidéo "The Deep Dive" extraite d'un reportage de la chaine Américaine ABC News est divisée en trois partie de 7 mn chacune et nous donnait la possibilité de voir la mise en pratique d'une méthode créative. David Kelley (co-fondateur et chairman d'IDEO : voir la fiche business), qui est le principal interviewé de ce reportage, gère une équipe pluridisciplinaire. Ceux qui ont eu la chance de visionner ces trois vidéos, on pu remarquer que des compétences telles que le marketing et le management, la linguistique ou la psychologie regroupées étaient regroupées dans une seule équipe dans le seul objectif de multiplier des angles de vues différents. C'est un processus de conception original propice à la créativité que je propose de découvrir ici autour du redesign d'un caddie de supermarché.










Si vous êtes habitué à des processus de conception beaucoup plus classique peut-être que les méthodes d'IDEO vous étonnerons. L'environnement de travail, même, est un sujet de discussion à part entière. Ailes d'avions ou voiles de parapentes, jouets, Vélo suspendu au plafond et objets improbables se côtoient dans cet espace. Espace qui rendrait surement fou un membre du comité d'hygiène et de sécurité d'un grande entreprise. La personnalisation des espaces personnels est encouragé: on peu voir un employé qui s'isole dans un bureau transformable en cabine, un autre qui à motorisé son poste de travail pour qu'il s'adapte à sa hauteur. Les projectiles en mousses trainent à porté de main, peuvent traverser l'espace et vous atteindre. On ne peut pas reprocher à David Kelley de ne pas suivre les conseils de son patron, Tim Brown.

Mais il ne faut pas se tromper par ce semblant de chaos. Cet enchevêtrement d'objets offre des milliers d'occasions d'être inspiré dans une réflexion et c'est l'objectif. La combinaison et l'analogie avec d'autre concepts est favorisé. On voit d'ailleurs deux participant s'inspirer des compartiments d'une boite à outils. La prédominance des supports visuels dans le processus de conception est aussi symptomatique de la méthode. Accroché sur le murs on trouve des photos de clients qui utilisent un caddie et des dizaines de croquis et ils auraient tort de s'arrêter là. On peut toucher aussi. Le caddie est manipulé, observé et démonté. Des caisses de roues de tout type sont à disposition. Nous sommes très loin des phases de spécification qui requiert parfois des milliers de pages (Mon propos n'est pas de critiquer cette façon faire).

Nous pouvons aussi faire les remarques suivantes:
  • Les experts ne sont pas définit par le client, ce sont les employés d'IDEO qui vont les définir puis les observer et les interroger sur le terrain (les experts sont les clients du supermarché et l'agent de maintenance),
  • Les pistes étudiées sont multiples et le prototype combine, ensuite, plusieurs des solutions explorées,
  • Chaque phases de travail sont rigoureusement limité dans le temps,
  • Une seule journée est nécessaire pour réaliser un prototype expérimental (pouvant être manipuler en condition réelle) donc une unité de production très agile,
L'ensemble de ces méthodes de travail évite les écueils auxquels se heurtent les bureaux d'étude ou centre de R&D conventionnels. Le processus n'est peut-être pas applicable à l'ensemble des développement qui concerne l'industrie (ce chaos poserait des problèmes dans des laboratoire pharmaceutique), mais sur des produits de consommation courante ce processus offre des productions originales. Les 5 jours retracés dans ce reportage montre aussi la rapidité d'exécution de cette petite structure. 5 jours pour éprouver, tester et valider un concept c'est très court. La question qui m'affaire à présent et de savoir si de telles entreprises existent en France...

mardi 28 juillet 2009

Euréka j'ai un problème!

La vie d'un sujet de recherche est jalonnée de nombreuses étapes. Définition du sujet et des problématiques, états de l'art, modélisation, solution, expérimentations, découvertes (petites ou grandes) et publications sont le lot des chercheurs, et c'est très bien comme cela.

L'énumération précédente pourrait faire croire au néophyte que la découverte est un moment bien précis d'une recherche, mais en fin de compte, l'ensemble de ces étapes comprennent une ou plusieurs découvertes. Contrairement aux idées reçues, le chercheur doit faire preuve de créativité même pour définir un problème. Il y a d'ailleurs de grands chercheurs qui trouvent des problèmes et d'autres grands chercheurs qui les résolvent.

Pierre de FermatUne histoire qui illustre bien cette situation est le dernier théorème de Fermat (ou le théorème de Fermat-Wiles depuis 1995). Pierre de Fermat était un magistrat du XVII siècle, qui avait bien évidement des passions sympathiques. Au lieu d'écrire des articles dans son le blog le soir venu, Fermat travaillait sur des problèmes de mathématique (théorème des deux carrés , théorème sur les nombres polygonaux...), d'optique (principe de Fermat) et par dessous tout, il raffolait poser des colles à ses amis. Il faut savoir que ses amis n'étaient autres que Blaise Pascal, Christian Huygens, René Descartes et j'en oublie bien d'autres.

Ce prince des amateurs (le terme n'est pas de moi, je ne me permetrais pas) avait pour habitude d'annoter l'œuvre de Diophante - Arithmetica - et ce sont ces annotations (et ses nombreuses correspondances) qui sont parvenues jusqu'à notre époque. L'une de ces notations portait le message suivant:

Il n'existe pas d'ensemble d'entiers strictement positifs x, y, z vérifiant l'équation
xn + yn = zn
dés que n est un entier strictement supérieur à 2

Et Fermat de rajouter:

J'ai découvert une preuve réellement remarquable que cette marge trop étroite ne me permet pas de détailler.

Andrew Wiles
La communauté scientifique semble affirmer que Fermat se vantait un peu sur le fait qu'il détenait cette preuve tout simplement parce que ce les modèles permettant de résoudre ce problème n'existaient à son époque. Ce théorème, qui sans démonstration, est une conjecture n'a été démontrée qu'en 1993-1995 par Andrew Wiles. Pour en savoir un peu plus sur le théorème.

En une phrase, Fermat avait trouvé un problème - Euréka! - et Wiles la solution 300 ans après. Qui est le génie entre ces deux personnages? Quel est le plus important? Trouver des questions ou y répondre? Ces deux aspects sont essentiels, pour les scientifiques, et aussi plus largement pour inventer, pour innover et pour créer. Identifier une problématique, une simple conjecture ou une question sans réponse peut-être l'œuvre d'une vie. Tout cela pour dire que le problème ou la question doit représenter une part importante du processus créatif et que cette étape ne doit, en aucun cas, être négligée. Ce qui fait de ces individus des gens un peu particulier ,pour ne pas dire bizarre, car avoir des problèmes est pour eux une raison d'être.

vendredi 24 juillet 2009

Définition Vidéopédia de la créativité

Voici une façon très agréable d'apprendre une définition. Cette vidéo est extraite de Google vidéo et de DailyMotion et elle a été posté par GYA. L'image support de cette animation est celle de IA Takahashi qui est une vedette japonaise (son image est dans le domaine publique). Le texte de la définition de la créativité semble être une compilation d'éléments de la fiche Wikipédia (Définition de la créativité).


jeudi 23 juillet 2009

Les aphorismes créatifs d'Héraclite

De même qu'il existe des questions à se poser si l'on souhaite changer de vie, Roger Von Oech nous invite, à partir des 30 aphorismes créatifs d'Héraclite, à nous poser les questions qui suivent pour développer notre créativité.

Roger Von Oech est le président de creative Think connu dans le domaine du consulting. Il est l'auteur des ouvrages A kick of the seat of the pants, A whack on the side of the head et de set créatifs (cartes à penser -disponible sur iPhone- et formes à penser: voir Ball of whack) qu'il développe avec la compagnie Creative Whack. C'est un acteur du développement personnel (dont la littérature est très dévellopée dans la culture Américaine). Il adopte un style très ludique qui peut surprendre.

Aphorisme 1: L'univers parle par exemples
  • Quels schémas voyez vous dans votre situation actuelle ? Quels schémas vous attendez vous à voir ? Comment ses attentes orientent t-elles votre pensée ?
  • Quelle histoire pensez-vous que l'univers vous raconte ? Avez vous noté dans votre existence des coïncidences qui suggèrent un schéma d'organisation plus vaste ?
  • Quels schémas pouvez-vous découvrir si vous changez de point de vue ?
  • Réfléchissez à un schéma ou une idée. Comment ce schéma s'exprime t-il dans les différents domaines de la vie ? L'une de ces manifestations vous permet elle de mieux comprendre votre situation personnelle ?
Aphorisme 2: Si l'on espère pas l'inespèrable on ne le trouvera pas
  • Quelles hypothèses pouvez vous laissez tomber dans votre situation actuelle ?
  • Dans quelles directions nouvelles votre situation peut-elle vous conduire ?
  • Quelles possibilités pourraient s'ouvrir si vous abandonniez votre objectif initial ?
  • Quelles pourraient être les conséquences inattendues de la réalisation de votre idée ?
  • Quels changements minimes dans votre situation pourraient avoir de vastes conséquences inattendues ?
Aphorisme 3: Tout s'écoule
  • Quels schémas décrivent au mieux le" flux" de votre situation ? Quelles tendances à long terme sont en œuvre ? Avez vous noté certains changements brutaux ?
  • Comment une certaine dose de turbulence pourrait-elle dynamiser le flux de votre situation actuelle ? Comment pourrait-elle être corrosive ?
Aphorisme 4: On ne peut pas entrer deux fois dans le même fleuve
  • Face à un problème, quelles hypothèses devriez-vous déclasser ? Qu'est-ce qui est obsolète et qu'est-ce qui peut être écarté ?
  • Comment votre implication dans la situation actuelle change t-elle à la fois votre situation et vous-même ? Qu'en apprenez-vous ?
Aphorisme 5: L'adverse est bénéfique
  • Quelles peuvent être les oppositions créatrices dans votre situation ? Y a t-il des solutions de remplacement pour atteindre votre objectif ? Le but initialement visé est t-il toujours désirable ? Quelles autres occasions s'offriraient à vous si vous y renonciez ?
Aphorisme 6: L'ajustement non apparent est plus fort que l'apparent
  • Quelles idées sans rapport apparent pouvez-vous mettre en relation ?
  • Quelles métaphores pouvez vous imaginez pour votre affaire ? La direction d'un orchestre ? La culture d'un jardin ? L'essai de la guerre ? L'éducation d'un enfant ? La vente d'un produit ? La programmation des vacances ?
Aphorisme 7: Si toutes choses devenaient fumée, les narines les connaitraient
  • Si votre situation se transformait profondément, pourriez vous résolument tourner le dos au passé et adopter de nouveaux modes de pensée ?
  • Quelle question "que se passerait-il si..." pouvez vous vous poser ? Que se passerait-il si vous appreniez que vous n'avez plus que 3 mois à vivre ? Quelles décisions prendriez-vous ?
  • Quels autres sens pouvez-vous utiliser dans votre situation actuelle ?
Aphorisme 8: Le soleil ne dépassera pas ses mesures parce que les Erinyes, auxiliaires de la justice, le découvriront
  • Comment pouvez-vous tourner les contraintes de votre situation à votre avantage ? Quelles restrictions pouvez-vous ajouter à vos problèmes ?
  • Quelles "Erinyes" vous menacent-elles ? Quel désordre surviendrait si vous changiez quelque chose qui semble "inaltérable" ?
Aphorisme 9: Les amoureux de la sagesse doivent ouvrir leur esprit à de multiples choses
  • Où regardez vous rarement pour aller chercher des idées ? Que pourriez vous y trouver si vous y alliez ?
  • De quoi êtes vous curieux ?
Aphorisme 10: Je me suis cherché moi-même
  • Quelles bonnes idées avez vous en attente d'expression ? Quels verrous mentaux vous empêchent d'y accéder ? Comment pouvez-vous les faire sauter ?
  • Quelle est votre style de pensée créatrice ? Comment trouvez vous vos idées ? Quelles sont vos forces ? Vos faiblesses ?
Aphorisme 11: Le grand savoir n'apprend pas l'intelligence
  • Sur quelles idées devez-vous vous concentrer dans votre situation actuelle ? Que pourriez-vous ignorer ? Y a t-il des idées que vous devriez envisager métaphoriquement plutôt que littéralement ou vice-versa ?
  • Sur quelle sagesse conventionnelle vous appuyez-vous dans votre présente situation ? Que se passerait t-il si vous oubliiez les réponses automatiques qui vous viennent à l'esprit et si vous en cherchiez de nouvelles ? Que pouvez vous négliger ou ignorer ?
Aphorisme 12: Beaucoup ne saisissent pas ce qui est dans la paume de leur main
  • Voyez-vous de la magie dans ce que vous faîtes ? Qu'est-ce qui émousse votre conscience des choses ? Qu'est-ce qui l'exalte ?
  • Quelles ressources sont à votre disposition immédiate ? Si vous preniez un peu de recul par rapport à votre situation que pouvez-vous en dire de plus évident ?
Aphorisme 13: Quand il n'y a pas de soleil on peut voir les étoiles du soir
  • Quelle est la caractéristique dominante de votre situation ? Quelles nouvelles "étoiles" se découvrent-elles quand vous ignorez cette dominante ? Votre égo est-il le "soleil" qui éclipse les autres possibilités ? Que se passerait-il si vous le mettiez en veilleuse ?
  • Avez-vous pensé à oublier temporairement un problème ? Quelle diversion pourrait vous détendre et vous libérer de vos pensées ?
  • Que pouvez-vous dire de positif sur la caractéristique dominante de votre situation ? Que pourriez-vous perdre sans elle ?
Aphorisme 14: L'ordre le plus beau est un tas d'ordure accumulé par le hasard
  • Quels schémas pouvez-vous trouver dans les idées de rencontre ? Comment pouvez-vous les rattacher au problème que vous essayez de résoudre à ce moment là ?
  • Qu'est-ce qui est humblement beau dans votre situation ?
Aphorisme 15: Les choses aiment à cacher leur véritable nature
  • Quelle est la seconde bonne réponse dans votre situation présente ?
  • Est-il possible que quelqu'un ait déguisé ses intentions à votre encontre ? Que pouvait-elles bien être ? De quelles façons vous trompez-vous vous-même ?
  • Quelles hypothèses avez-vous faites à propos de votre situation actuelle ? Quelles nouveautés pourraient se révéler si vous laissiez tomber ces hypothèses ?
Aphorisme 16: Celui qui aborde la vie comme un enfant, jouant aux dames, poussant et déplaçant les pions possède le pouvoir du roi
  • Comment pouvez-vous jouer avec les différents éléments de votre situation ? Que pouvez-vous ajouter ? Enlever ? Combiner ? Inverser ? Simplifier ?
  • Comment pouvez-vous rendre votre situation plus plaisante ?
  • Quels traits d'humour pouvez-vous trouver à votre situation ? Qu'est-ce que vous trouvez vraiment drôle ?
Aphorisme 17: La mer, eau la plus pure et la plus impure: pour les poissons potable et salvatrice, pour les hommes imbuvable et mortelle
  • Dans quel contexte différent pouvez vous imaginer votre idée ? Comment cela change t-il sa signification ?
  • Qu'est-ce qui est défavorable dans votre situation actuelle ? Existe-t-il un moyen de vous en sortir malgré les aspects négatifs de votre situation ?
Aphorisme 18: Sur un cercle, un point final peut aussi être un point de départ
  • Quels mots et concepts différents pouvez-vous utiliser pour décrire votre situation ? Quelle action avez-vous entreprise aujourd'hui qui marque la fin d'une époque et le début d'une nouvelle étape dans votre vie ?
  • Comment quelqu'un d'une culture différente pourrait-il appréhender votre situation ? Quels éléments "sérieux" (pour vous) trouverait-il amusant ? Inversement quel élément plaisant à vos yeux jugerait-il sérieux ?
  • Songez à un problème actuel. Au lieu simplement d'y remédier, demandez vous :"quelles opportunités pourrait-il renfermer ? Comment pourrais-je en faire un point de départ ?"
Aphorisme 19: C'est la maladie qui rend la santé plaisante et bonne, la faim la satiété et la fatigue le repos
  • Quel est l'opposé de votre objectif ? Que devez vous faire pour éviter d'y parvenir ? Penser au contraire de votre objectif rend-il celui ci plus clair ou plus désirable à vos yeux ?
  • Comment pouvez vous regarder votre situation d'une façon opposée ? Que voyez-vous qui n'était pas apparent auparavant ?
  • Ou pouvez créer des espaces dans votre situation ? Quels bénéfices cela vous apportera t-il ?
  • Qu'est-ce qu'un fou pourrait dire de votre situation ?
Aphorisme 20: Les médecins coupent et brûlent pour éviter la souffrance
  • Comment l'emploi d'une stratégie inversée pourrait-il vous permettre d'atteindre votre objectif ?
  • Que faut-il éliminer dans votre situation ? Quelle souffrance cela va t-il provoquer ? Quel soulagement cela va t-il provoquer ?
Aphorisme 21: Le chemin montant et descendant est le même
  • La stratégie qui vous a permis de parvenir où vous êtes présentement est-elle vraiment celle que vous voulez garder ? Inversement y a t-il une approche que vous avez rejetée un jour et qui pourrait être appropriée à votre situation ?
  • Dans quels cas seriez mieux servi avec "moins" qu'avec "plus" ? Quels problèmes pourrait engendrer le "plus" ?
  • Quelle tactique de contre-intuition pourrait fonctionner dans votre situation actuelle ?
Aphorisme 22: En se transformant, il reste en repos
  • Où votre énergie serait-elle mieux employée : là où vous avez été jusqu'ici où bien là où vous allez ? N'est-il pas temps pour vous de passer à l'étape suivante ?
  • Quels problèmes pouvez mettre en attente ? Que pourriez-vous découvrir ?
  • Qu'est ce qui est paradoxal dans votre situation ? Êtes vous aisément capable de quitter un point de vue pour voir les choses de façon différente ?
Aphorisme 23: Le breuvage d'orge aussi se dissocie s'il n'est pas remué
  • Qu'est ce qui vous stimule dans ce que vous êtes en train de faire ? Comment pouvez-vous lancer un défi à vous-même ?
  • Quelles seraient les conditions du succès dans votre situation ? Si l'une d'elle n'était pas remplie quel serait le résultat ?
Aphorisme 24: Il y a pour les éveillés un monde unique et commun mais chacun des endormis se détourne dans un monde particulier
  • Pouvez-vous rattacher un rêve récent à un des problèmes qui vous préoccupent ? Comment vous sentiez-vous dans ce rêve ? Quelle partie de vous même les différents personnages représentent-ils ?
Aphorisme 25: Les chiens aboient seulement contre ceux qu'ils ne connaissent pas
  • Quelle réaction négative attendez-vous ?
  • Comment pouvez-vous rendre votre idée plus facile à comprendre et plus attrayante ?
  • Dans votre situation présente, qu'est ce qui pourrait bénéficier de la suspension provisoire de la critique interne ? Quels genre d'idée vous font "aboyer" sans que vous les preniez vraiment en considération ?
Aphorisme 26: Les ânes choisiraient la paille plutôt que l'or
  • D'autres apprécient-ils vos affaires de la même façon que vous ? Comment pourriez-vous les aider à comprendre votre point de vue ? De quelle façon avez-vous besoin de vous éduquer vous-même à propos de leur façon de voir ?
  • Qu'êtes-vous prêt à sacrifier pour atteindre vos objectifs ? Quel est votre degré de persévérance ?
  • Ce que vous recherchez gardera t-il de sa valeur à l'avenir ? Dans quelles circonstances cette valeur pourrait changer ?
  • Ce que vous considérez aujourd'hui comme sans valeur est-il susceptible d'en acquérir à l'avenir ?
Aphorisme 27: Tout ce qui rampe est mené par des coups
  • Comment un échec affecterait ce que vous êtes en train de faire ? Quelle liberté d'essai cela vous apporterait-il ?
  • Quelles hypothèses naguère couronnées de succès pouvez vous remettre aujourd'hui en cause ?
  • Quels essais pourriez-vous faire qui aient actuellement de meilleure chance de réussite ?
  • En quelles occasions des menaces vous ont-elles mené à de plus grandes réussites ?
Aphorisme 28: Il faut éteindre la démesure plutôt que l'incendie
  • Comment votre égo affecte t-il défavorablement votre jugement ? dans quelles circonstances avez-vous précédemment connu le succès en traitant des problèmes de même nature ? Cette réussite vous a t-elle rendu moins réceptif aux autres approches possibles ?
Aphorisme 29: Le caractère pour l'homme est son démon
  • Quels éléments de votre caractère sont susceptibles de vous aider dans votre situation actuelle ? Quels éléments pourraient entrainer votre échec ? Qu'allez vous devoir supprimer (ou mettre provisoirement entre parenthèses) pour réussir ?
  • Quelles conditions vous paraissent-elles propices à votre succès ? Quelles prédictions - positives ou négatives - sont à l'œuvre dans votre vie ?
Aphorisme 30: Le soleil est nouveau chaque jour
  • Qu'y a t-il de neuf dans votre situation ? Comment l'univers vous a t-il récemment surpris ?
  • Quelle est aujourd'hui la couleur de vos pensées ? Comment votre situation apparaît-elle dans cette perspective ?
  • L'idée contre laquelle vous avez régi si violemment hier est-elle si mauvaise ? l'idée dont vous êtes tombé amoureux la semaine passée brille t-elle toujours du même éclat ?
  • Que pouvez-vous oublier de votre situation présente ? Quelles solutions créatrices cette attitude ouvrirait-elle pour vous ?
  • Qu'y a t-il de bon et de beau dans votre situation présente ? Qu'y a t-il d'inattendu ?

Cet article provient du site Développer sa créativité et les aphorismes d'Héraclite sont tirés de l'ouvrage "Vivre mieux grâce à Héraclite" - Roger Von Oech (Éditions de la Table Ronde) - Achat chez chapitre.com ou chez Amazon.